Rappelons tout d’abord pour les moins avertis ce qu’est un HOTAS : il s’agit d’un contrôleur de jeu composé de deux parties séparées, à savoir un manche (joystick) d’un côté et une manette (throttle) pour commander les gaz de l’autre, à l’inverse d’un joystick simple ne disposant sur sa base que d’une molette ou d’une tirette pour les gaz. Disposer ainsi d’une manette indépendante est naturellement un atout pour les simulations de vol, et de fait la plupart des fanas de simulateurs utilisent un HOTAS plutôt qu’un manche avec molette.
Il faut par ailleurs dire aujourd’hui que le marché des HOTAS de série neufs pour PC est devenu très peu concurrentiel. En effet, le milieu de gamme (de 130 à 200 euros environ) est occupé par Saitek avec les X52 et X55, tandis que Thrustmaster occupe à la fois le haut et le début de gamme avec, d’une part, le Warthog (300 à 350 euros) et, d’autre part, le T.Flight Hotas X (de 30 à 50 euros).
Reste en outsider CH Products, qui se place en prix quelque part entre les X52 Pro et X55 et le Warthog, et… c’est tout, le tour est fait.
Le T.Flight Hotas X se trouve donc seul sur son créneau. Disons-le tout de go, ce test n’aura donc pas pour but de comparer le T.Flight Hotas X à d’autres HOTAS. Il n’y a pas d’arnaque sur ce marché : si vous choisissez de payer plus cher, vous obtiendrez de fait mieux. On peut évidemment discuter goûts et couleurs, mais les différences de prix parmi les différents HOTAS induisent bien des différences de qualité. Comparer le T. Flight Hotas X à des périphériques coûtant de 100 à 300 euros de plus n’aurait pas de sens. Ce test aura donc plutôt pour but d’examiner la question de savoir si le T.Flight Hotas X est un matériel valable pour la simulation de vol, ou bien s’il vaut mieux tout de suite débourser 100 euros de plus pour avoir autre chose.
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Le T.Flight Hotas X a pris chez Thrusmaster la suite de l’Afterburner II, et il aurait sans doute dû logiquement être nommé Afterburner III, n’eût été la facétie des commerciaux de Thrusmaster, du fait qu’il reprend très nettement les lignes et l’agencement général de son prédécesseur. En effet, pour les joueurs sur PC, les différences essentielles par rapport à l’Afterburner II consistent surtout en l’ajout de deux nouveaux boutons programmables sur la manette des gaz (un sous l’index, un sous le pouce) et de deux autres sur la base de la manette. Ceux qui connaissaient déjà l’Afterburner II seront tout de suite en terrain connu avec le T.Flight Hotas X.
Pour faire bonne mesure, on peut mentionner qu’ont été également ajoutés deux boutons sur la base du manche pour programmer et sauvegarder des affectations de touche. Ces fonctions ne présentent toutefois d’utilité que pour les joueurs utilisant le T.Flight Hotas X sur console. Leur existence est donc anecdotique dans le cadre de ce test.
Le HOTAS est construit en plastique sombre. La finition est correcte, mais sans lustre. Le HOTAS ne dégage certes pas l’assurance proprement militaire d’un Warthog en métal. Les boutons présentent un peu de jeu latéral et cliquent à l’ancienne. On n’est pas dans le chic, et c’est assurément le bon moment pour se souvenir qu’on parle d’un Hotas à 40 euros. Personne ne s’attend à trouver un intérieur de Mercedes dans une petite voiture citadine : c’est bien l’utilité du matériel qu’on vient mesurer ici davantage que son esthétique ou son prestige.
Le constructeur a curieusement fait en sorte qu’on puisse rendre le manche et la manette solidaires par leurs bases, et le matériel peut d’ailleurs être parfois livré ainsi assemblé. Le Hotas étant difficilement utilisable de cette manière, cette possibilité est d’intérêt fort limité, voire carrément inexistant. Les concepteurs de Thrusmaster ont cependant prévu un emplacement sous le manche pour une petite clé allen qui permet de désolidariser très facilement la manette et le manche, clé qui ne devrait servir qu’une seule et unique fois à la majorité des utilisateurs.
Une fois désolidarisés, le manche et la manette communiquent l’un avec l’autre par un câble d’environ 55 centimètres de long, et le tout se branche en USB au PC ou à la console par un second câble qui part de la base du manche.
La largeur du câble qui relie manette et manche est suffisante pour l’utilisation attendue du Hotas, à savoir posé sur un bureau non loin du clavier, mais se trouve être évidemment un peu juste si on souhaite les placer de part et d’autre de soi, à hauteur de coude, en position « cockpit ». Les gabarits petits ou moyens comme votre serviteur (1,75 m et 70 kilos) seront encore à leur aise, mais ce sera moins vrai pour les autres. Reste que si vous en êtes à vouloir vous construire une installation de type cockpit, vous n’en serez sûrement plus à vous acheter un HOTAS de début de gamme, ou alors vous n’hésiterez plus beaucoup à bricoler le câble pour l’allonger. Ce défaut semble en conséquence pouvoir être qualifié de mineur.
LE MANCHE
Le manche comprend un commutateur (hat) à huit directions, une gâchette, un bouton à l’avant pour l’index, et deux boutons à l’arrière pour le pouce. Sa base s’orne également des deux boutons de programmation absolument inutiles évoqués plus haut.
Le manche peut pivoter sur lui-même, offrant ainsi un axe supplémentaire en torsion, utile pour les joueurs ne disposant pas d’un palonnier afin de contrôler un avion ou un hélicoptère en lacet. Le constructeur a toutefois prévu que cet axe puisse être neutralisé doublement, de manières matérielle et logicielle, pour ceux qui préfèreraient utiliser la bascule située sur l’avant de la manette. Une vis facile d’accès placée au bas du manche permet ainsi de le bloquer complètement en torsion. C’est simple et fiable, et plus efficace que l’interrupteur on/off de l’Afterburner II. Par ailleurs, un bouton situé sur la base de la manette permet de désactiver complètement la prise en compte de l’axe par le PC. Il est accompagné d’un voyant dont la couleur, verte ou rouge, permet d’immédiatement discerner si l’axe est actif ou non.
Sous la base se trouve une molette qui permet de régler la souplesse du manche, avec une amplitude large (de mou à très raide), évitant ainsi aux plus timorés d’entre nous tout démontage pour obtenir un réglage adapté. C’est plutôt une bonne idée, dans la mesure où on peut penser qu’une large partie des acheteurs potentiels d’un T.Flight Hotas X a peu l’envie de devoir le bricoler avant de pouvoir s’en servir, même s’il devait s’agir d’un bricolage qui ne demandait guère de compétences.
Le HOTAS étant compatible PC ou console, un commutateur à deux positions sur l’avant de la base permet de sélectionner une utilisation ou l’autre. Ne pas oublier de mettre ce commutateur sur la bonne position avant de le brancher pour la première fois !
LA MANETTE
La manette comprend deux boutons sur l’avant, sous l’index, de tailles et de saillance différentes, ce qui permet de les distinguer aisément au toucher. Au côté se trouvent quatre autres boutons actionnables au pouce.
La manette comporte deux particularités. La première aujourd’hui rare, consiste en une commande à bascule sur l’avant (rocker), actionnable par les trois doigts extérieurs de la main gauche, afin de servir de contrôle en lacet, comme un « palonnier à main », en quelque sorte.
Ce HOTAS est ainsi aujourd’hui le seul qui offre une alternative à la torsion du manche, pour les joueurs qui n’ont pas les moyens d’acquérir également un palonnier. La seconde particularité de la manette est que se trouve au milieu de sa course un « cran ». Ce cran se passe sans effort, et on peut amener la manette d’avant en arrière sans qu’il constitue une quelconque gêne au mouvement, mais son passage est à chaque fois très perceptible.
Il s’agit d’un choix du constructeur, fort discutable, qui a ainsi voulu élargir les possibilités du matériel en concevant la manette de telle façon qu’elle puisse être actionnée d’une manière classique pour un avion, sur toute sa course, ou bien comme un levier avant/arrière doté d’une position centrale (ce qui peut revêtir, sur PC, un certain intérêt pour les joueurs de simulations de combats spatiaux).
Au contraire du manche, la manette ne comprend aucune molette permettant de régler la friction. Vouloir modifier la friction imposera d’ouvrir la manette et de posséder quelques vraies compétences de bricoleur. Vu le caractère malcommode de l’opération, si vous en êtes là, vous serez cependant sans conteste déjà mûr pour acheter de toute façon un HOTAS plus coûteux.
L’ENVIRONNEMENT LOGICIEL
Thrustmaster a réussi avec maestria à mettre en œuvre une solution logicielle qui épargne à l’utilisateur absolument tout bug ou conflit avec d’autres matériels sur son ordinateur, puisqu’en l’espèce le constructeur n’a tout simplement rien prévu. C’est simple, mais il fallait y penser ! Le matériel ne nécessite en effet l’installation d’aucun pilote au préalable pour fonctionner, et le constructeur ne met par ailleurs aucun logiciel de programmation à disposition. Contrairement au T.16000M et au Warthog, le T.Flight Hotas X n’est pas compatible avec son logiciel TARGET (et rien n’indique que cela doive changer à l’avenir).
C’est dommage, et cela peut être de prime abord une mauvaise surprise pour les anciens possesseurs d’Afterburner I ou II qui, eux, disposaient d’un logiciel de programmation spécifique. Le dommage n’est cependant pas bien grand, parce qu’on peut aisément affecter les boutons directement dans les simulations pour une programmation simple, et qu’il se trouve sans difficulté sur internet des logiciels gratuits qui permettent des programmations plus complexes, comme par exemple le très utile JoyToKey.
BON, C’EST PAS LE TOUT, MAIS QU’EST-CE QU’IL VAUT ALORS ?
Est-ce qu’il est solide ?
Dès la première prise en main, le plastique épais transmet une impression de robustesse, et celle-ci est bien réelle à l’utilisation. C’est du solide. À moins de le manier d’une manière qu’aucun constructeur ne peut vraiment prévoir, un T.Flight Hotas X devrait vous faire de l’usage pour plusieurs années, même à s’en servir intensivement.
Est-ce qu’il est ergonomique ?
C’est à mon avis la grande réussite de ce matériel. La conformation de la manette et du manche fait en sorte que les mains trouvent facilement une position naturelle et confortable, et les boutons et le hat sont facilement atteignables. Thrustmaster a outre pensé à rendre très distinguables au toucher les deux boutons de l’avant de la manette, qui étaient les plus susceptibles d’être confondus et, contrairement à ce qui se rencontre sur beaucoup d’autres matériels, le hat n’est pas un chapeau chinois à peine saillant ou un bouton creux et lisse sur lequel le pouce peut facilement glisser. Il est facile à actionner et à maintenir, grâce à sa hauteur et sa surface crantée.
Les dimensions tant de la manette que du manche devraient convenir à la plupart des mains. Seules les plus petites pourront être éventuellement gênées. Enfin le choix laissé de commander le lacet par torsion du manche ou par la bascule à l’avant de la manette est un très bon point, en particulier pour un HOTAS destiné a priori aux joueurs qui ne peuvent ou ne souhaitent pas dépenser trop d’argent, et donc acquérir un véritable palonnier.
Est-ce qu’il a assez de boutons ?
Avec un total de dix boutons sur la manette et le manche, à quoi s’ajoutent deux autres sur la base de la manette, le T.Flight Hotas X comporte assez de boutons pour n’importe quelle simulation d’avions à hélices (et même, à un iota près, environ douze fois le nombre nécessaire à une simulation d’avion de la Première Guerre Mondiale).
En revanche, seulement douze boutons peut être un peu juste pour le vol sur jet. Il faut dans ce cas idéalement utiliser au moins un des boutons du HOTAS comme « bouton shift » qui, combiné aux autres boutons, permettra d’accroître le nombre de fonctions utilisables. C’est facilement faisable avec un logiciel comme JoyToKey, déjà cité (ou même sans logiciel tiers, pour Falcon 4 BMS). La manipulation en jeu demande alors certes un peu plus de pratique qu’avec un HOTAS équipé de tellement de boutons que vous aurez presque toujours un de libre pour chaque fonction, mais on peut garantir que la différence de plusieurs dizaines voire centaines d’euros facilite considérablement l’apprentissage.
Il est possible de cette manière de programmer toute les fonctions des simulateurs les plus complexes, comme Falcon 4 BMS ou DCS : A-10. On peut donc affirmer que le T.Flight HOTAS X comporte assez de boutons pour toutes les simulations de vol, pourvu que le joueur ne soit pas sujet à des problèmes de coordination d’un degré tout à fait médical.
Le T.Flight HOTAS X représente d’ailleurs de ce point de vue un progrès réel vis-à-vis de l’Afterburner II qui, avec seulement 8 boutons, n’offrait pas la même versatilité.
Est-ce qu’il est précis ?
Le manche est raisonnablement précis pour la grande majorité des usages, surtout si on rapporte cette précision au coût du matériel. Il faut néanmoins reconnaître que si sa performance pouvait être considérée comme tout à fait bonne il y a dix ans, elle est aujourd’hui simplement honorable. Le manche possède de plus une légère zone morte en son centre, qui ne gênera sans doute guère les débutants (dont je suis prêt à parier que certains d’entre eux ne la sentiront même pas), ni même la plupart des joueurs qui n’ont jamais utilisé un HOTAS plus coûteux ou un T.16000M du même constructeur.
Mais elle sera probablement flagrante pour les joueurs exigeants. Si vous passez beaucoup de temps à faire de la voltige ou de la patrouille serrée (ou que vous vous trouvez être un de ces curieux masochistes pour qui être accroché à une perche derrière un KC-135 constitue la phase la plus chouette de tout vol simulé), ce matériel n’est pas le plus indiqué pour vous à moins de grande impécuniosité (oui, des fois je place un mot, j’ai le droit), tandis qu’il satisfera sans problème les joueurs ordinaires.
On ne peut qu’être plus réservé pour la manette, sur son axe principal. Disons d’emblée qu’elle reste en l’état meilleure que n’importe quelle tirette, roulette ou molette pour contrôler les gaz. Elle vous offrira toujours davantage de confort.
Mais on a tout de même le sentiment que Thrustmaster aurait pu produire bien mieux.
D’abord, le cran au milieu de la course peut être parfois gênant pour la tenue de formations serrées, qui se tiennent avec de constants petits mouvements de la manette, puisqu’il crée un léger « saut » au milieu de la course, sur lequel il est impossible de placer la manette.
On peut d’ailleurs supprimer ce cran, par un démontage relativement simple, mais il subsiste alors une zone morte au même endroit, de sorte que cela ne remédie en rien au problème, et même l’accentuerait plutôt.
Ensuite, la précision de la manette est, disons… aux standards des années 90. Même à ce niveau de prix le constructeur pourrait en 2015 se fendre de bien mieux, d’autant que la friction pas forcément constante sur toute sa course n’aide pas à rendre la manette plus précise. Alors que la précision du manche pouvait être considérée comme honorable et satisfaisante, celle de la manette ne peut seulement être décrite que comme juste acceptable. L’inadéquation avec la pratique soutenue de la voltige ou de la patrouille serrée est bien plus marquée que pour le manche.
Quant à la commande à bascule (rocker), le « palonnier à main » évoqué plus haut, si elle ne paie pas de mine au premier abord, elle se révèle en fait étonnamment précise à l’usage. Elle ne procurera pas, en particulier pour les simulations d’avions à hélices, le même confort évident qu’un véritable palonnier, mais elle permet réellement, après un peu d’entraînement, de contrôler l’axe de lacet de façon efficace, aussi bien que par la torsion du manche. Opter ensuite pour cette commande ou pour la torsion du manche est une affaire de préférence personnelle.
Est-ce qu’il se trouve facilement ?
Très facilement. En dehors de son prix (mais c’est naturellement lié), c’est même un bon point pour les éventuels allergiques aux livraisons, puisqu’on le trouve aisément en magasins.
Est-ce qu’il est facile à installer et à configurer ?
On ne peut plus. Il n’y aucun pilote à installer, il est reconnu sans difficulté dans Windows, ainsi que dans toutes les simulations de vol.
Le seul bémol est que si vous souhaitez une programmation un peu complexe des boutons, en particulier pour une simulation de jet moderne, vous devrez utiliser un logiciel tiers non fourni par le constructeur.
Conclusion
L’enjeu de ce test était de savoir si on pouvait valablement faire de la simulation de vol avec un HOTAS à 40 euros. La réponse est tout à fait positive.
L’Afterburner III le T.Flight Hotas X est un matériel solide et suffisamment performant pour la plupart des usages. C’est un bon HOTAS pour qui ne peut pas ou ne souhaite pas mettre trop d’argent dans son matériel de simulation, d’autant plus que la différence de coût avec les autres HOTAS varie de conséquente à tout fait considérable.
J’ajouterais même que si vos moyens financiers vous obligeaient à choisir entre un HOTAS de milieu de gamme sans TrackIR (ou un équivalent) ou ce HOTAS et un TrackIR, vous obtiendriez un meilleur retour sur votre argent avec le deuxième choix.
En revanche, le simmer exigeant ou devenu expérimenté et qui en a les moyens se reportera dès que possible sur un modèle supérieur, après avoir éventuellement utilisé ce HOTAS pour débuter dans la simulation à peu de frais.
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