Une légende volante
Apres un développement mouvementé, l’addon MIG 21BIS de Leatherneck Simulations est enfin disponible.
Etant donné qu’il s’agit ici d’un addon pour un simulateur, nous nous contenterons de faire une mini review, l’environnement de combat étant dors et déjà connu : DCS World.
Le MiG 21 fut développé à partir des années 50 comme un intercepteur. Il sera un succès conséquent à l’export et reste encore en service (version « modernisée ») dans quelques forces aériennes. La machine possède quelques records dont celui de jet supersonique le plus construit.
La version « BIS » qui est ici modélisé est un upgrade de 1972. Cette version profite d’un réacteur un peu plus puissant et d’une avionique augmentant les conditions d’emploi de l’appareil.
Le MiG 21 dans DCS
Si la présence d’un tel appareil dans DCS contraste quelque peu avec une bonne partie des machines pilotables dans le simulateur, le 21 BIS y a toutefois sa place, au moins chronologiquement.
En termes de performances pures, la machine est clairement en retrait face aux autres intercepteurs proposés par le simulateur. Rivaliser avec les autres appareils de DCS avec ce MiG est un véritable défi. L’intérêt de l’addon réside surtout dans le degré de modélisation de la machine.
En effet, en plus de devoir survivre et combattre avec un avion obsolète, il va falloir apprendre à gérer une machine à la fois rustique et complexe. C’est la le véritable point fort de cet addon : c’est la première fois qu’on nous propose ce degrés de modélisation d’un jet des années 50/70, tout simulateur confondu. En cela, c’est une expérience unique ou chacun trouvera ses limites
Un vrai challenge
Ici, pas de commandes de vol électriques, d’avionique unifié, de HUD performant. Il va falloir piloter, voir réapprendre à piloter. La sécurité, c’est vous qui l’assurez, les limites, c’est au pilote de ne pas les dépasser sous peine de conséquences plus ou moins désagréable.
Pour corser le tout, les performances limitées, la visibilité très réduite et l’ergonomie (mot n’existant sans doute pas a l’époque) vont vous imposer de tout anticiper et pas mal d’entrainement. L’expérience est recommandée à tous, du pilote de F-16 blasé à l’amateur de Warbird qui pense que les jets c’est « facile ». Maitriser l’emploi du MiG 21 BIS sera un exercice enrichissant et parfois éprouvant.
Hardcore ? Vous avez dit hardcore ?
Vous l’avez donc compris, le MiG 21 BIS s’adresse aux pilotes soucieux de réalisme, à tel point qu’on est en droit de se poser la question : est ce le chasseur le mieux simulé à l’heure actuelle ? La modélisation des systèmes est complète mais surtout, l’absence de sécurités rendent le pilote responsable et impose de connaitre le fonctionnement de la machine. Vous voulez vivre l’expérience des élèves pilotes de chasse quand ils passent sur Alphajet, bien, Leatherneck simulation vous en offre un avant gout. La méconnaissance ou la négligence de certains principes de fonctionnement peuvent avoir de lourdes conséquences.
Quelques exemples :
La commande du train d’atterrissage à 3 positions + un verrouillage mécanique.
A savoir : quand la commande est en position haute, le train d’atterrissage rentre et les freins sont activés via la réserve d’air comprimé embarquée.
Laisser la commande de train en position haute tout le vol, c’est prendre le risque de voir la pression du réseau d’air s’effondrer car les freins maintiendront inutilement la pression. Le résultat sera l’absence totale de capacité de freinage à l’atterrissage. Il n’y a plus d’air, ce dernier a été utilisé pendant tout le vol pour freiner des roues, qui ne tournaient plus…
Le moteur « vieillit » pendant le vol, si vous accumulez les erreurs de manipulation ou les mauvais traitements, il faudra rapidement prendre des cours de pilotage de brique. Certaines configurations d’emport interdisent la sortie du train ou des volets en raison d’instabilité.
La verrière est susceptible de givrer, elle peut être dégivrée quand on réchauffe la cellule en accélérant ou en utilisant le circuit dédié.
La batterie « de secours » embarqué dispose d’un système de réchauffe afin de ne pas givrer. Si vous ne l’activez pas et qu’un incident de vol nécessite de basculer dessus… à plus de 4000 mètres et selon la température ambiante, vous risquez d’avoir des surprises.
Les capteurs du tube pitot on un domaine « erratique », dans lequel une partie des instruments basés sur ces capteurs affichent des informations erronées. Ce domaine ce situe entre 0.95 Mach et 1.05 Mach. Bref, à savoir même si en général, on ne traine pas dans cette plage de vitesse.
L’addon regorge de ses petits détails uniques qui font de ce MiG un indispensable pour les fans de simulation poussée a l’a recherche de la meilleure « immersion ». Il est maintenant temps de prendre les commandes de l’engin.
Cockpit !
Le cockpit est particulièrement bien modélisé et les textures sont vraiment travaillées. Si vous disposez d’un affichage 3D, c’est même assez impressionnant.
Outre une quantité d’instruments analogiques au fonctionnement ou à l’affichage « exotique », c’est une déferlante de switchs, témoins et fusibles qui vous attend. L’interactivité du cockpit est très complète, tout est activable à la souris ou par raccourcis clavier.
La console et le flanc droit comportent pas moins de 73 switchs et instruments.
La console centrale en propose 97 et enfin, le flanc et la console gauche vous en propose 77 autres.
Les systèmes n’étant pas spécialement unifiés, vous aller rapidement brasser de l’air afin de basculer ou surveiller tel ou tel fonction : il va falloir s’entrainer encore et encore avant de devenir vraiment efficace sur cette plateforme.
La souris et le track IR (ou le hat du joystick) seront vos outils, l’imprimante votre logistique. L’avionique de la machine est typiquement russe.
En raison de l’âge de la machine, ici, pas de navigation satellite.
Il faudra donc naviguer à vue, au chrono ou en utilisant les balises de radionavigation. La préparation d’un vol prend tout de suite une autre dimension, il va falloir sortir la règle, le rapporteur et la calculatrice…
L’appareil propose quelques modes pour faciliter la vie des pilotes mais leur plage d’emploi est relativement spécifique.
Par exemple:
le mode « Cloud pénétration » que l’on pourrait traduire par « descente dans la couche » vous propose une aide pour la gestion de la descente vers un aérodrome, ce à 120 km et en dessous de 10000 mètres. Ce mode ce termine à 20 km de la piste et à 600 mètres d’altitude, il faut alors basculer en mode « atterrissage ».
En cas d’oublis, on profitera d’un joli survol du terrain, toujours à 600 mètres d’altitude.
Le mode « atterrissage » s’apparente à un glide à suivre sur les instruments analogiques
Si vous ne connaissez pas la radionavigation, ou les base de la navigation aux instruments, un stage sur Flight Simulator, Xplane ou Prepar3D V2 sont fortement recommandables.
Cela permettra d’appréhender plus confortablement les règles de base avec des appareils moins rapides et plus relaxants.
Le système d’arme :
Même si initialement l’appareil à une vocation d’intercepteur, il reste capable d’accomplir des missions air sol via le largage de bombe (non guidés), le straffing ou le tir de roquettes.
La encore, l’appareil a ses procédures spécifiques.
Il faut par exemple activer le canon 1 à 2 minutes avant de l’utiliser (préchauffage), éviter de tirer trop de roquettes simultanément, le réacteur de l’appareil détestant respirer de la fumée…
Ou par exemple se souvenir que le missile anti radar Kh-66 est sélectionné depuis un emplacement normalement réservé aux rockets non guidées…
Le HUD voit sont rôle limité à l’aide a la visée (pas de vitesse, pas d’altitude, pas de vecteur vitesse…) quand au radar, il sera l’occasion de découvrir un mode opératoire sommaire, couplé à un affichage désuet et des performances très relatives (30 km de portée).
Contrairement aux appareils modernes, le système d’arme n’est pas spécialement complexe à prendre en main. Par contre il est exigeant point de vue pilotage ou préparation des attaques.
Ici l’absence d’assistance doit être compensée par le pilote. Trajectoire de présentation, finesse de la prise de visée : il vaut mieux piloter la « tête froide ».
Et comment ca vol ?
Notre fléchette à besoin de vitesse et de souplesse.
La machine n’est pas spécialement vicieuse sous réserve de garder une vitesse supérieure à 300 km/h. Au dessus de 400 Km/h, le vol est sans surprise tant qu’on ne maltraite pas la cellule à grand coup de manche.
Voler moins vite ou trop solliciter la machine vous confrontera rapidement à l’absence de commande de vols électriques et autre garde fou : la situation risque de rapidement se compliquer. Vrille, extinction moteur et trajectoires improbables non contrôlées sont au programme.
En général, l’avion prévient en vous gratifiant d’un buffting (secousses) cockpit assez marqué accompagné d’une éventuelle alarme sonore. Si c’est le cas, le reflex c’est « manche au neutre et recherche d’énergie, suivi d’une inspection instrument histoire de voir que tout est en ordre ».
L’opinion de l’auteur :
Même si je ne suis pas fan de l’appareil réel, la qualité du travail de Leatherneck Studio m’a immédiatement plongé dans l’appareil virtuel. C’est un vrai plaisir de devoir se remettre à « piloter », La machine exige en effet de se plonger dans la documentation et de retravailler des bases.
Le pilotage demande du doigté et les nombreuses limitations de l’appareil peuvent apporter une nouvelle dimension à la préparation de mission. La documentation est certes complète, mais peut être un peu trop denses pour être exploitée confortablement.
Cette dernière nécessitera une lecture un peu plus attentive et une prise de note. Pour le reste, un pilote travaillant point par point les phases de vol, systèmes etc. s’y retrouvera très rapidement, sous réserve d’être capable d’analyser ses erreurs.
Pour ma part, je considère le MiG 21 BIS Leatherneck comme la plus belle réussite en simulation de vol de l’année 2014. Leatherneck Simulation semble nous préparer de bonnes surprises pour l’avenir, et pour un coup d’essai, ce MiG est un coup de maitre.
Le meilleur est sans doute à venir. Enfin saluons le courage de l’équipe de développement qui a résisté à l’impatience pour sortir une beta digne de ce nom. Nous n’avons pas affaire à un module en kit ou il faudra racheter des éléments plus tard, mais bien a un addon de qualité.
Summary
Vous l’aurez compris, cet addon est une petite pépite qui trouvera sans problèmes sa place à coté à coté du A-10C ou Falcon 4. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette machine légendaire mais finalement rares dans les cieux virtuels. Leatherneck Simulation nous offre ici une bouffée d’air frais, un vent de fraicheur venu de l’est. Du vrai vintage, du bon, le MiG 21 BIS se savoure comme un bon whiskey, avec patience et délectation. On peu contester l’intérêt de l’appareil dans l’environnement DCS qui est tout de même plus moderne mais il reste possible de créer des missions adaptées et se faire plaisir dans un contexte historique relativement crédible. Si l’appareil est un peu lourdingue à manipuler (pour notre plus grand plaisir), son emploi reste simple. L’avionique n’est pas spécialement complexe et ne permet pas de faire 360 choses différentes, pas de datalink, SOI… ici c’est toujours très concret et utile.
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